Groupe Peter Wyssbrod 20/21

Étrange invention que le théâtre… A-t-il pour unique mais noble fonction de nous réjouir ? Ne nous permet-il pas également de rôder la vie par l’imaginaire ?
Dans son Éthique à Nicomaque, Aristote convenait que l’art représentationnel développait en nous la compréhension de l’Autre, une forme d’« imagination empathique » pour reprendre l’expression de la philosophe américaine Martha C. Nussbaum (L’art d’être juste). De fait, au théâtre, jeune, je puis sentir comme une personne âgée ; d’ici, je puis placer mes pas dans ceux de l’exilé ; homme, je puis partager la psyché féminine ; etc. Travailler cette souplesse mentale, psycho-affective participe d’une citoyenneté entendue au sens républicain.
Plus profondément encore, dans sa Poétique, Aristote – toujours – considère que certaines vérités peuvent être spécifiquement révélées par le théâtre : les vérités proprement immanentes aux actions humaines, celles attachées à la concrétude de notre agir. Fidèle à la promesse de son étymologie, le théâtre serait à proprement dire le lieu d’où l’on voit.
La finalité que le dramaturge allemand Bertolt Brecht attribue à l’art théâtral tient à la maîtrise de sa propre condition : montrer les affaires humaines comme des réalités transformables.

Constitué de personnes issues de la Fondation Foyer – Handicap, le Groupe Peter Wyssbord porte le nom de l’un des plus grands artistes de la scène helvétique et interrogera la théâtralité. Dans plusieurs de ses productions dont l’inoubliable Hommage au théâtre, Peter Wyssbrod s’est intéressé à la condition de l’artiste et de l’Art. Hommage au théâtre arbore une relative confiance dans les moyens du théâtre même s’il s’agit précisément d’en déconstruire les conventions, d’en fustiger l’économie. L’avant-dernière scène d’Entracte s’engage plus avant encore dans le pessimisme en couchant l’unique personnage dans une caisse de contrebasse en guise de bière. Face à l’abîme analysé dans ses premiers spectacles, Wyssbrod conclut que les confettis bariolés de l’Art sont un rite inopérant, insuffisant du moins à commuer le désespoir en Salut. Une fois passé le deuil du personnage, à plus de vingt ans de distance, Wyssbrod fait un pas supplémentaire par une performance scénographique intitulée Images, une performance qui fait de l’outil théâtral l’unique protagoniste.

Accompagné.es par la chorégraphe Caroline de Cornière, le Groupe Peter Wyssbord :

– rencontrera Peter Wyssbrod – l’homme de théâtre biennois qui donne son nom au groupe ;
– assistera à la projection du tordant Coups de feux sur Broadway de Woody Allen, l’un des films importants faisant du théâtre son objet ;
– se rendra au Musée d’ethnographie de Genève pour découvrir des images et des sons évoquant des rituels « théâtraux », des transes, des rites chamaniques et autres jeux de rôle du monde entier ;
– prendra part à une représentation de La Tragédie comique à La Cuisine de Carouge – spectacle culte d’Ève Bonfanti et Yves Hunstad qui nous permet d’éprouver la grâce, le magnétisme de la présence ;
– découvrira Boulevard du Minuscule de Claude-Inga Barbey – une fresque cocasse qui célèbre les 90 ans du vénérable Théâtre des Marionnettes de Genève.

Le groupe
L’artiste
Les spectacles
L’intellectuel
Le film
L’exposition
La médiatrice
La médiatrice
Les partenaires
Production artistique
Vitrine bibliographique