Groupe Mahabharata 19/20

 

Du nom de l’une des plus vastes et fortes sagas mythico-historiques du monde, d’une épopée multimillénaire fondatrice d’une nation et d’une sagesse, le Groupe Mahabharata interrogera la notion de récit.

Analysant, dans La Poétique, les caractéristiques de la tragédie – genre dont il prétendait qu’il pouvait éclairer la praxis humaine –, Aristote soutient qu’elle consiste en la représentation d’une « action (…) complète. » Par ce principe de complétude, le philosophe signifie notamment que l’intrigue ne commence pas « quelque part au hasard » mais en un point qui a valeur d’origine en ce sens qu’« à partir de lui quelque chose d’autre croît ou survient ». De même, il convenait, pour le Stagirite, de distinguer le terme du récit, la fin du déploiement de l’action narrée.

Instrument de connaissance et de pouvoir, personnel ou collectif, le récit permet d’ordonner le réel, de se le représenter, d’avoir une prise sur lui. 

2500 plus tard, un autre philosophe, Jean-François Lyotard – associé, lui, à l’idée de postmodernité –, annonçait la fin des « grands récits » totalisants. Il condamnait la soumission du réel à un ordre, qu’on lui attribue une finalité – même émancipatrice.

Le récit libère-t-il ? enserre-t-il ? trahit-il le réel ? Vivons-nous une ère des perceptions fragmentaires, de vérités modestes, confinées et provisoires ?

Composé d’utilisatrices et d’utilisateurs de l’Université Ouvrière de Genève, accompagné par la chorégraphe Maud Blandel, le Groupe Mahabharata se posera ces questions et d’autres encore. Il :

– a assisté à la pièce-fleuve de l’un de nos parrains Wajdi Mouawad Tous des oiseaux à La Cuisine à Carouge – une fresque intriquant trajectoires singulières et fracas géopolitiques,
– a visité l’exposition La fabrique des contes au Musée d’ethnographie de Genève – histoire d’interroger l’enjeu de ces récits populaires dans la constitution des cultures et de nos psychés,
– a pris part à une plongée dans l’épopée fondatrice de l’hindouisme avec le Mahâbhârata accueilli au Théâtre du Loup dans le cadre de la saison du TMG,
– a visionné Le Jeune Ahmed à Fonction : cinéma, un film de Jean-Pierre et Luc Dardenne en s’intéresserant particulièrement aux saillies et aux silences du scénario,
– rencontrera la linguiste Françoise Revaz, au Théâtre de Saint-Gervais à Genève, sur le thème « récit et identité »,
– découvrira, enfin, Manuel d’exil de Velibor Čolić au Théâtre de Saint-Gervais – le récit de l’épiphanie d’une identité tournée autour de l’écriture.

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