Les parents de Jean Hatzfeld fuient la France occupée en 1942 pour échapper à la déportation. Ils atterrissent à Madagascar, où l’historien Olivier Hatzfeld – père de notre vigie – travaille comme enseignant. Le petit Jean naît sept ans plus tard et retourne avec sa famille au Chambon-sur-Lignon (patrie des Justes) en Auvergne.

Après quelques petits boulots, il intègre l’équipe de Libération tout en écrivant des articles pour Géo, Actuel et Autrement; il réalise également des documentaires télévisés en parallèle. Correspondant spécial et reporter de guerre, il sillonne les pays de l’Est, couvre l’ascension de Solidarnosc en Pologne et la chute du mur de Berlin et celle de Ceaucescu lors de la «révolution de velours» en Roumanie. De la fin des années 1970 au milieu des années 1990, il voyage dans les pays en guerre du Moyen Orient, au Liban, en Israël et en Irak. Il passe trois ans en ex-Yougoslavie, est blessé par balle à Sarajevo, et publie deux livres sur son expérience dans les Balkans, L’Air de la guerre (1994) et La Guerre au bord du fleuve (1999).

En 1994, il se rend au Rwanda pour concevoir un reportage sur le massacre perpétré dans le pays; il décide d’arrêter le journalisme afin de se concentrer sur ses recherches à propos du génocide. Il publie Dans le nu de la vie en 2000 (prix France Culture et prix Pierre Mille), ouvrage dans lequel il collecte les souvenirs des survivants tutsis. Deux ans plus tard paraît Une saison de machettes (prix Femina et prix Joseph Kessel), dans lequel il «passe de l’autre côté» et retranscrit ses conversations avec des Hutus condamnés pour crimes de guerre.

Publiant encore La Ligne de flottaison en 2005, Jean Hatzfeld reparaît dans l’actualité littéraire en 2007 via un nouvel essai intitulé La Stratégie des Antilopes (prix Médicis).

En 2011, il obtient le grand prix de littérature sportive avec Où en est la nuit. En 2013, il publie aux éditions Gallimard Robert Mitchum ne revient pas, un récit sur la vie de deux sportifs à Sarajevo au printemps 1992.

La Marmite se réjouit de compter un tel parrain au nombre de ses vigies, un parrain inspirant par son souci de donner la parole à celles et ceux qui ne l’ont pas, à celles et ceux qui sont parlés plus qu’elles et ils ne parlent-aux « sans écoute » comme dirait Erri De Luca (une autre de nos vigies).