Visite de l’exposition MONDES imPARFAITS au Musée de la Maison d’Ailleurs
Pique-nique et shooting photos à la Place de Milan à Lausanne – Samedi 27 juin
L’équipe de Marmitiens de Palabres a rendez-vous à 9h45 à la gare de Lausanne pour se rendre à Yverdon. Objectif : saisir l’Etrange par un nouveau prisme à travers l’exposition MONDES imPARFAITS et les Cités obscures de Schuiten et Peeters, à la Maison d’Ailleurs.
14 participants sont de la partie (même ceux qui ont passé la moitié de la nuit à danser !) ainsi que l’artiste Tilo et les médiatrices, Emilie et Marie-Laure. Emilie ne pourra finalement pas monter dans le train, faute à quelques symptômes suspects…
Dans le train, et à l’image des dernières sorties, c’est une impression de joie et de course d’école, heureux de se retrouver pour découvrir ensemble de nouveaux univers autour de notre thème de l’Etrange.
Tilo fait office de guide durant le trajet et partage ses connaissances des paysages que nous traversons. Il est question de fouilles archéologiques, de noms de pierre, de martins-pêcheurs et de balades dans la campagne.
Florence remarque que pour explorer le thème de l’Etrange, nous nous rendons souvent à Yverdon. Sur le ton de l’humour, elle questionne : « Les habitants d’Yverdon seraient-ils une communauté bizarre et étrange ? »
Arrivés à Yverdon nous attendent Andom et Serdar ; Serdar qui sera pour sa part l’assistant photographe de Tilo durant cette journée.
Le groupe se met en marche direction le musée. Nous croisons et commentons l’affiche de l’exposition et Tilo nous explique que nous nous engageons nous aussi dans un itinéraire très bizarre pour nous rendre au musée, à l’image de la promenade que semblent emprunter les personnages sur l’affiche.
Arrivé à la Maison d’Ailleurs, la guide chargée de notre visite nous accueille. C’est Nathalie qui explique pour le groupe la raison de notre venue et qui présente l’association Palabres.
La guide présente les artistes Schuiten et Peeters, leurs cités obscures, et introduit les thèmes du voyage, de l’utopie et de la dystopie.
Mehmet reprend avec ses mots : « L’utopie c’est un monde imaginaire. Un monde où tout est parfait ». Nathalie poursuit « Oui, un monde de bisounours, alors que la dystopie c’est le cauchemar ».
On échange sur l’affiche. Les couleurs, claires pour l’utopie, obscures pour son reflet sombre. On remarque l’architecture « qui rappelle une église ». Oui, l’incendie de la cathédrale de Notre Dame a inspiré les artistes.
La visite se poursuit :
Luisa fait un rapprochement d’actualité entre « L’enfant de Phoebus » (1987 par Christian Poincignon à partir d’un ensemble de dessins de Schuiten) et la forme du sculpture réalisée en coronavirus…
Nous apprenons que le terme d’utopie est utilisé une des premières fois en littérature dans le livre de Thomas More, Utopia (1516). La guide explique comment actuellement ce terme se décline dans de nombreux domaines : politique, climatique, question genres.
A propos du roman Ravage de Barjavel, et le naufrage d’une société qui semblait parfaite, la guide fait un parallèle avec la série Desperate Housewives : un univers de femmes qui semblent parfaites, comme cela semble bizarre… et en effet, les femmes ont été remplacées par des robots. Ces œuvres s’emparent, chacune à leur manière, de ce moment où le monde vacille, où l’on passe de l’utopie à la dystopie.
Nous évoquons aussi 1984 de G. Orwell et l’univers anxiogène de Big Brother où tout le monde est surveillé et où l’on ne peut plus faire ou penser ce que l’on veut. Nathalie commente les thèmes de Farenheit 451 (R. Bradbury) : « Interdire de lire c’est empêcher les gens d’avoir accès à la connaissance afin de pouvoir ensuite leur mettre n’importe quoi dans le cerveau ».
Andom fait un lien phonétique entre Ethiopie et Utopie que Kamilou commente : « Par la technologie on tente de transformer le monde en mieux. Dubaï dans ce sens semble parfait, en tous cas de l’extérieur, mais de l’intérieur, est-ce parfait ? »
Nous soulevons aussi que la dystopie peut mettre en place un système de révolte par l’envie de s’en sortir, et que dans ce sens elle n’est pas que négative.
Petit à petit, durant la visite, chaque participant prend ses marques et à chacun son rythme : certains suivent assidûment la guide, d’autres s’attardent sur des œuvres, discutent et échangent sur ce qu’ils voient.
A l’espace Jules Verne, nous nous affalons sur des poufs et visionnons l’installation numérique de Sébastien Mettraux, entre artifices mécaniques et nature. Ruth s’exclame : « Tout y est parfait comme dans une montre suisse ! ». Puis on prend des poses devant le film ; Tilo immortalise : on joue avec les corps en ombres chinoises contre les images projetées du film, le corps machine, le corps fleur.
La visite touche sa fin. Retour à Lausanne pour la deuxième partie de la journée. Nous trouvons une place à l’ombre au parc Milan. On s’installe, on a très faim. Nous essayons de respecter les règles d’hygiène en lien avec la situation sanitaire, mais c’est difficile de ne pas partager les mets !!! Tilo sort ses affaires de camping : réchaud, couverture, jeux…
Tilo amène également du bois sur lequel il s’affaire avec l’aide de Serdar et Fernando afin de construire un cadre qui servira de contrainte et de canal à l’imaginaire pour le shooting photo : un cadre comme la fenêtre durant le confinement, comme une histoire qui se raconte entre ce qu’il y a dedans et ce qu’il y a dehors, comme les possibles champs et hors champs et dans les profondeurs de champ. Un cadre qui nous ramera aussi aux œuvres de ce matin, comme Noël qui veut trouver absolument un chien pour recréer « l’homme qui regarde le monde avec son chien ».
Florence nous explique que durant le confinement elle a passé son temps au téléphone, appuyée sur le rebord de sa fenêtre, avec sa voisine (Lendita) en face d’elle, des échanges de fenêtre à fenêtre.
Gouled et Fernando veulent se servir du cadre pour mettre en image l’envie de passer du dedans au dehors, sortir et s’en sortir, et l’impatience liée à la situation.
Pour Chris, Patricia et Claudia ce seront deux photos : l’avant et l’après confinement, et la joie !
Luisa aimerait recréer les marcheurs de l’affiche de l’exposition, le marcheur qui va rentrer dans le monde.
Carmen nous montre une photo – prise par elle-même au musée – de la première de couverture du livre de John Brunner, Le Troupeau aveugle : c’est l’étrangeté de cette image qu’elle aimerait reproduire avec son fils.
Pour Nathalie, ce sera, Paris sous cloche, planche qui l’a marquée lors de la visite au musée.
Enfin, Noël a trouvé une passante du parc qui accepte de lui prêter son chien le temps de la photo !
Certains continuent la soirée ailleurs, boire un verre et danser encore ! D’autres rentrent vers leurs obligations mais auraient bien continué. Prochaine étape, une fête est prévue bientôt à Vidy où se retrouveront Palabres et Marmitiens en attendant la suite du parcours reportée à l’automne 2020.