30 octobre 2019

Après divers rappels et échanges via un réseau social, des confirmations et des annulations, des participants qui viennent au rendez-vous la veille, le matin, ou pas du tout, nous arrivons enfin au nombre de 20 pour aller voir Koburo, de Christian Denisart, à l’Echandole. Ca tombe bien, car nous avons 20 billets !

Alors que la distance aurait pu être un frein à l’enthousiasme, au contraire ce déplacement prend la forme d’une course d’école, on se prend en photo à la gare ; Tilo nous fait visiter les hauts lieux d’Yverdon (la place Pestalozzi, le Musée d’Art Contemporain, et bien sûr la Maison d’Ailleurs où nous irons bientôt, car ailleurs c’est ici). Les participants qui font souvent des sorties avec l’association ont l’habitude de partir en groupe.

Le voyage en train est l’occasion d’échanges par petits groupes : regarder sur une carte où sont Yverdon et Grandson, parler de nos parcours et de ce qui nous amène ici :

En Somalie, on accole à son prénom personnel le prénom de son père puis de son grand père, chacun a donc 3 prénoms qui indiquent sa généalogie, mais il n’y a pas de nom de famille à proprement parler.

 On traduit « étrange », que l’on différencie d’« étranger », même si quand on est étranger quelque part, tout nous semble étrange. Et qu’un étranger semble étrange à ceux de ce lieu. « Une lettre différente, tout change ».

 En somali, une différence d’intonation à peine audible pour nous signifie « fille » ou « garçon » ! En farsi, le même mot à très peu près signifie « proche » ou « loin ». Comme me montre Shahla sur son téléphone, c’est « contradictoire ».

 Accueillis par la médiatrice du théâtre, nous avons une salle à notre disposition dans les caves de cet imposant château d’Yverdon. L’occasion de se mettre ensemble pour présenter le spectacle comme une rencontre avec ces Koburo étranges dont on ne sait d’où ils viennent et faire quelques jeux rythmiques. Un participant parle du théâtre comme la « pantomime » et nous en fait une démonstration.

 

Nous partageons un repas canadien : bananes plantain, poulet frit, chaussons aux pommes, châtaignes à téter…

En Cévennes comme en Colombie, on appelle le châtaignier « arbre à pain ».

Certains auront été sensibles à la déco-prévention des toilettes de l’Echandole :

Après avoir partagé la fantaisie musicale de Koburo, nous restons à échanger dans le foyer du théâtre.

Je cherche un appartement, il n’y a pas une place dans ce château ?

 Y a-t-il des bus 16 pour rentrer à la maison après 22h ?

 De quand date cette bâtisse, le 18ème siècle semble tard car dans la Swiss History il y a de nombreuses constructions du 15ème siècle…

 Elle chantait en portugais, ça m’a fait tellement plaisir, c’est vraiment la plus belle langue du monde

Pour certains, c’est habituel d’aller au théâtre, comme à Vidy. Pour d’autres c’est la première fois en Suisse, depuis 10 ans qu’ils y sont, ou depuis 2 ans. Au Togo, un participant a rencontré des metteurs en scène et collaboré à des festivals. Il a un ami qui fait le Conservatoire à Strasbourg.

Mais au Togo, comédien n’est pas un métier, c’est inimaginable qu’il y ait des écoles pour ça. Au Togo, on peut parler de sujets politiques, l’artiste est là pour créer le débat, il peut nous déranger. Par contre, sitôt que l’un s’attaque à une personnalité puissante en particulier, attention à la répression.

Tilo profite du voyage de retour pour inviter chacun.e au dernier vernissage qu’il organise dans l’espace Standard-Deluxe qu’il a cofondé à Lausanne. C’est une artiste coréenne qui a suivi la construction d’un énorme atelier correspondant aux besoins des artistes, par les artistes. Des hommes debout, comme tou.te.s celles et ceux qui étaient venus de Palabres, ce jour-là, disponibles à la rencontre et ouverts à l’expérience.

4 novembre 2019

Retour à Palabres pour partager autour du spectacle. Certains participants viennent pour la première fois, d’autres sont des habitués mais n’étaient pas au théâtre, et bien sûr certains qui étaient au théâtre sont aussi là. L’occasion de rapporter notre première sortie culturelle et expliquer encore une fois la démarche de la Marmite.

Nous nous saluons en mettant en jeu le corps, la danse des Koburo, puis l’imagination, et nous sculptons de mémoire dans l’espace avec nos corps quelques scènes du spectacle.

Nous ajoutons verbalement les éléments manquants (décors, lumière, musique, costumes) devant une vingtaine de participants en mouvement qui comprennent plus ou moins le français.

Kamilou rapporte la scène « des petits robots » et questionne l’usage de ces jouets pour enfants dans le spectacle qui lui « résiste » jusqu’alors.

Un membre du public nous interpelle sur LE SENS à chercher derrière les éléments, dans les jeux d’échauffement que nous venons de faire pour se relier, dans les choses étranges que nous avons vues.

Un autre participant mentionne le déplacement du personnage de l’observateur qui progressivement s’immerge dans le monde qu’il pensait étudier de l’extérieur.

La vie de l’association se poursuit, il faut aménager les salles pour les cours de français, le nombre de participants avoisine alors les 35 personnes.

Artiste, relais de l’association, médiatrices nous nous retrouvons pour mettre au point le calendrier, évoquer les formes que pourrait prendre le carnet de bord, trouver un juste milieu entre un groupe « fermé » qui se retrouve en dehors de Palabres et un groupe inclusif mais « dilué » dans les espaces de Palabres. Nous décidons de nous retrouver tantôt le lundi, tantôt le mardi.

Tilo rapporte que le week end précédent, 5 participants sont venus au vernissage manger du papet vaudois dans l’espace dédié à l’art contemporain, dont l’un a été ramené à domicile par les artistes français qui exposaient ce jour-là.

La rencontre se tisse.