Visite en classe pour clôturer le parcours
Vendredi 20 novembre 2020

Autre ambiance, plus contenue, pour cette seconde rencontre qui clôt un parcours que nous imaginions tous.tes plus long lors de notre première sortie quelques semaines plus tôt, avant l’évolution de la situation sanitaire et des mesures de protection.

Emilie se rend dans la classe au CEC Emilie Gourd où l’accueillent les professeures Sara Abidi et Céline Terrasson ainsi qu’une petite partie des élèves. Nous sommes masqué.e.s et Anouk est avec nous via une visioconférence et chacun.e s’exprime de sa place grâce à son écran individuel.

Tout le monde est triste de l’arrêt d’un parcours qui avait si bien commencé. Cependant, tou.te.s comprennent également que la situation sanitaire ne permet pas de continuer ce parcours dans de bonnes conditions. Certaines fois l’adaptation c’est aussi savoir retropédaler plutôt que de s’entêter à continuer coûte que coûte alors que les bonnes conditions ne sont pas réunies! Anouk invite toutefois les élèves à garder un œil sur la programmation des lieux culturels que nous devions visiter pour savoir si certains spectacles, films et expositions pourront être présentés au public dans les mois à venir. Bien que notre parcours s’arrête aujourd’hui, le fait de ne pas participer à des sorties organisées ne doit pas empêcher les élèves de nourrir les curiosités qui seraient nées de notre première sortie. En effet, lors de notre présentation du parcours, les élèves s’étaient montré.e.s très enthousiastes ! Sara et Céline, les professeures, ont déjà prévu de se renseigner pour aller voir certaines propositions avec les élèves si cela s’avère possible. Elles font également le pont entre le travail pédagogique qu’elles réalisent toute l’année en classe et la culture, tous deux pouvant encourager et soutenir l’ouverture à l’Autre et/ou à une culture qui n’est la sienne, le développement de la capacité d’empathie, la découverte et l’acceptation de nouveaux points de vue, etc. La classe travaille actuellement par exemple sur des œuvres de l’artiste Ai Weiwei.

On revient également sur le spectacle du mois dernier. Tou.te.s sont plus sensibles à l’accessibilité de la ville en fauteuil et ont été marqué.e.s par ce point de vue inédit qu’ils/elles ont dû adopter. «On se sent tout petit et le monde paraît soudain très grand», disent Wesley et Medhi. Le corps du.de la spectateur.trice.s était très sollicité durant cette expérience théâtrale. Mais est-ce qu’être assis.e sur un fauteuil dans une salle de spectacle ou salle de classe est forcément une attitude passive? En effet, l’écoute active est importante et ce n’est pas parce qu’on est assis.e qu’on ne sera pas traversé.e.s d’émotions fortes.

Nous terminons cette rencontre en lisant la lettre qu’Anouk Gressot, l’artiste associée du parcours, a envoyée à l’école à l’adresse des élèves et de leurs professeur.e.s pour prendre congé. Chacun.e tire au sort une carte postale de Katchinas qui se trouvaient également dans l’enveloppe, offerte en souvenir par Anouk aux élèves. Ce projet de céramique qu’elle avait réalisé avec des femmes incarcérées avait suscité beaucoup d’intérêt et de questions chez les élèves lors de notre première rencontre. Ce clin d’œil leur plaît beaucoup. Nous faisons un tour de chaque carte «unique», attribuée par le hasard, certain.e élèves y trouvant des liens avec leur propre personnalité ou histoire.

Photo de l’exposition des Katchinas d’Anouk Gressot – © Galerie Anton Meier (2018)

Nous lisons et réfléchissons ensemble à la belle citation de René Char annexée à la lettre qui sera affichée en classe: «Serre ton bonheur, Impose ta chance, Va vers ton risque, À te regarder, Ils s’habitueront

Nous décortiquons ces mots pour comprendre l’importance de leur ordre et du rythme de la phrase. Le caractère injonctif des trois premières parties pousse à l’action. Qui est ce «Ils»? Est-ce «les autres, ceux qui nous entourent»? Est-ce «le bonheur, la chance et le risque»?

Certain.e.s transposent directement ces mots à leur quotidien, à l’expérience de la culture dans leur vie, à l’expérience «courte» de La Marmite. Un élève évoque le regard des autres durant l’expérience du spectacle en fauteuil roulant, le fait qu’il a fallu savoir s’en défaire et s’en moquer pour avancer.

Une autre élève parle de la confiance qu’elle a gagnée avec cette expérience :
«si j’ai pu rouler en chaise roulante dans ma ville, je suis alors capable de faire d’autres choses, trouver un stage, avoir un entretien professionnel par exemple !».
On se dit aurevoir.