Un os à la noce
d’Isabelle Matter, au Théâtre des Marionnettes

La ville de Thèbes se pare pour la fête. On s’apprête à célébrer les noces d’Antigone et de Hémon. Dans les airs, Boss, le chef des vautours, jubile. La dépouille d’un jeune prince gisant devant les remparts fera un fabuleux festin pour le mariage entre sa fille Nekhbet et le Capitaine Vautard. La nuit tombe, et ce qui devait être une journée de réjouissances tourne peu à peu à la catastrophe. Antigone s’échappe de la ville pour ensevelir le corps de son frère laissé à l’abandon, bravant ainsi l’interdit de Créon, Roi de Thèbes, et gâchant  le banquet des charognards, tandis que Nekhbet tombe éperdument amoureuse d’un corbeau égaré dans la région…

Cette réécriture originale du mythe d’Antigone est servie sur un plateau par des maîtres d’hôtel en gants noirs. En permettant au spectateur d’appréhender la tragédie du point de vue des vautours, la metteuse en scène Isabelle Matter propose une approche toute en nuances de l’éternel antagonisme entre croyances personnelles et normes collectives. Quelle issue lorsque deux systèmes de valeurs différents s’opposent ? Lorsque les dialogues se figent ? Lorsqu’obstination et intransigeance atteignent un point de non-retour ? Tels les vautours qui tournoient au-dessus des portes de Thèbes, les marionnettes nous invitent ici à prendre de la hauteur…

Théâtre des Marionnettes

 

Lignes de conduite
de Maud Blandel, à l’adc

Une enquête pour 4 danseuses sur le tarentisme avant qu’il devienne une industrie touristico-festive. Rituel. Transe. Conjuration. Catharsis de guérison. Danse collective du sud de l’Italie. Sur une partition de cloches de Charlemagne Palestine.

De tous temps, chaque culture a su inventer ses propres rituels de transe afin de libérer les âmes captives d’une communauté. Qu’importe le régime fictionnel du rituel, il s’agit dans tous les cas d’une traversée: une extase, ou la possibilité d’être hors de soi, lors d’un temps limité.
Pour sa seconde pièce, Maud Blandel choisit d’enquêter sur l’un de ces rituels: le tarentisme. Rite de guérison populaire du sud de l’Italie mêlant christianisme, pratiques magiques et catharsis musicale, un tel phénomène ne témoigne pas seulement des dispositifs conjuratoires mis en place par une société, il rend également compte de tout un pan de l’évolution des rapports de force culturels. De son origine tellurique en passant par son expression sacrée, le tarentisme est aujourd’hui récupéré par une féroce industrie touristico-festive.
Lignes de conduite s’emploiera à disséquer comment un tel phénomène de possession s’est vu, au travers de processus de folklorisation, dépossédé de son caractère originel sacré.

adc
Maud Blandel