After Life
de Hirokazu Kore-Eda

Considéré comme l’un des réalisateurs-clefs de l’histoire récente du cinéma japonais, Hirokazu Kore-eda s’est fait le chroniqueur subtilement acéré de la société nipponne contemporaine, révélant ses non-dits, ses inégalités sociales et son ordre parfois si cruel des choses. Créateur d’une œuvre conséquente comptant à ce jour quatorze longs-métrages, souvent à la lisière du documentaire, et anti-spectaculaire au sens noble du terme, Kore-eda a réalisé maints joyaux intimistes comme Tel père, tel fils, Still Walking, Notre petite sœur, Nobody Knows ou, plus récemment, Une Affaire de famille qui a reçu en 2018 une Palme d’or plus que méritée à Cannes.

Dans sa filmographie, After Life occupe une place particulière. C’est en effet son seul film à s’inscrire dans une dimension fantastique, et encore de manière très feutrée… Baignés par une lumière hivernale, vingt-deux personnes d’âges et d’origines très diverses font tranquillement leur entrée dans une vieille école où les accueillent d’étranges fonctionnaires. Chacun à leur tour, les visiteurs sont soumis à un interrogatoire déroutant, parfois très drôle. Tous sont sommés de faire le tri dans leur mémoire afin de sélectionner un seul et unique souvenir qu’ils auront le droit d’emporter avec eux pour l’éternité !

Certains peinent à faire un choix, à l’exemple du vieux Watanabe. Un fonctionnaire compatissant finit par lui filer septante-deux cassettes vidéo (une pour chaque année de sa vie) pour l’aider à élire son souvenir. Une fois acclimaté à cet univers poétique très particulier, le spectateur comprend peu à peu que la vieille école dans la neige est un équivalent des « limbes », une sorte d’antichambre où patientent les morts en transit ! De la suite, on ne soufflera mot, sachez seulement que la pratique du cinéma y a partie liée avec le travail du deuil… Film contemplatif sur le souvenir, la réminiscence, le bilan, After Life reste à ce jour sans équivalent.

Japon, 1998, couleur, 1h58 ; avec Takashi Mochizuki, Erika Oda, Susumu Terajima, etc.

Voir la bande-annonce ici

Projection le mercredi 10 juin 2020 à 20h à la Médiathèque Valais – Martigny (Avenue de la Gare 15 à Martigny)

.