Des femmes, des regards, la liberté.
« Je me sens libre quand je me sens chez moi ; je me sens chez moi quand je suis entourée de bonnes personnes » écrit Lumnjie.
Je me suis sentie chez moi et en bonne compagnie au fil des rencontres du groupe Miriam Makeba. Nous avons ensemble parcouru quelques étapes pour discuter et rêver de liberté (thème de notre parcours), évoquer ce qui nous est essentiel dans ce mot, chacune dans notre langue. Nous avons fait connaissance petit à petit, parcourant ensemble la ville de Genève et ses fenêtres sur des ailleurs, du théâtre Am Stram Gram au cinéma ouvert pour nous au Théâtre Saint-Gervais, en passant par mon atelier à Châtelaine.

« Quand je ferme les yeux, je rêve de mon pays » écrit Fatma.
« Mon endroit préféré à Genève : Camarada. Mon endroit préféré ailleurs : Asmara, la capitale de l’Erythrée où je suis née » note Nighisti
La Fabrique du monde, magnifique exposition dédiée aux représentations du globe, géographiques, artistiques, engagées, sensibles, nous a accueillies dans les galeries de Forum Meyrin. Nous avons ensuite parcouru le monde avec des points de couleurs, notant sur une carte des lieux d’origines, des voyages pour le plaisir, des étapes, des exils, des joies, des obstacles, de nouvelles racines.

« Quand j’étais petite, je rêvais de danser » se souvient Nadjie.
« J’aime la vie heureuse » écrit Najia.
Le passé, le présent, les envies et craintes pour le futur ont été évoqués à petites touches. J’ai pris des notes, parfois posé des questions. Finalement, en fin de parcours, j’ai demandé à chacune des participantes de répondre par écrit à quelques questions, que m’avaient soufflés nos moments ensemble. J’ai gardé ces réponses pour les dessiner.

« Quand je ferme les yeux, je rêve à la paix » écrit Nighisti.
Je suis illustratrice, mon langage est le dessin. Au fil de nombreux projets – livres jeunesse, communication culturelle, illustrations de presse – mon point de départ est le plus souvent un texte, un discours, un contenu. Quand j’ai commencé à imaginer ma participation à ce parcours de La Marmite, j’ai choisi de ne pas décider de ce point de départ pour une création partagée, de ne pas savoir ce que j’allais dessiner, ni comment. Le texte, le discours, le contenu allaient émerger du temps passé ensemble dans des découvertes et des discussions.

« Quand je marche, je me sens libre » écrit Mercedes.
Quant à moi, c’est en dessinant les mots des autres que je me sens libre. J’ai commencé à faire le portrait des femmes du Groupe Miriam Makeba à la fin de nos rencontres ; je les connaissais désormais un peu, j’avais pour chacune un texte, un regard, des couleurs. J’ai photographié chacune pour travailler au plus près de leur profil, cette ligne si intéressante et si difficile à dessiner. J’ai tenté de représenter les mots de chacune – de manière libre et en couleurs vives, en regards décidés et en sourires chaleureux. Douze portraits de femmes libres ont été inaugurés à la fin juin 2019 aux Bains des Pâquis lors d’une matinée réservée à toutes les femmes qui suivent les activités de Camarada. Au soleil.

Mirjana Farkas