La Boucherie de Job de Fausto Paravidino,mise en scène Hervé Loichemol.

Un petit commerçant, travailleur, bon et généreux, éprouve des difficultés économiques, fait faillite, perd ses proches et finit sur un tas d’ordures. Job – comment pourrait-il s’appeler autrement ? – n’a pourtant rien à se reprocher : il croit au travail, à l’effort, au mérite, à la parole donnée. Mais il ne voit pas que le jeu a changé, ne sait pas s’adapter et sombre corps et biens. Son fils, qui connaît les nouvelles règles, revient de Boston, prend les affaires en main et fait fructifier le néant.
La Boucherie de Job montre un monde qui bascule, se transforme, où la faillite est générale, où l’on peut faire argent de tout, de rien et n’importe comment. Un monde qui semble être le nôtre, chaotique, exubérant, drôle, ridicule et émouvant. Rares sont les textes de cette force. Le jeune auteur italien Fausto Paravidino – que la France découvre depuis quelques années à l’affiche de théâtres tels la Comédie-Française ou La Commune d’Aubervilliers, dont on peut lire l’éloge tant dans l’Humanité que dans Gala – est un prodige. Avec fantaisie, culot, un sens aiguisé du dialogue et de la réplique qui tranche, ce sont de hautes questions qu’il réactive à travers la parabole de Job : nos pères ont-ils démissionné ou les avons-nous jetés aux oubliettes ? Avons-nous vendu nos croyances et nos valeurs au dieu argent ? Un pardon, un salut sont-ils encore possibles ?

Fausto Paravidino, né à Gênes en 1976, est écrivain, comédien, metteur en scène, cinéaste et traducteur. Il écrit sa première pièce, Trinciapollo, en 1996. Suivent entre autres Due fratelli qui reçoit le Prix Ubu en 2001, Genova 01 qu’il écrit en 2001 alors qu’il est auteur en résidence au Royal Court Theatre de Londres, et La malattia della famiglia M qu’il met en scène en 2011 au Théâtre du Vieux-Colombier à Paris. 2011 est aussi l’année où il intègre le Teatro Valle Occupato, un théâtre de 1727 situé au cœur de Rome, occupé depuis plusieurs années par des artistes et citoyens, en résistance à sa privatisation et aux coupes infligées à la culture.

Hervé Loichemol, fondateur du théâtre Le Châtelard à Ferney-Voltaire, dirige la Comédie de Genève depuis juillet 2011. Au nombre de ses récentes mises en scène, on peut citer Siegfriednocturne de Michael Jarrell et Olivier Py (2013), Shitz de Hanokh Levin (2014), Le Roi Lear de Shakespeare (2015), Cassandre de Michael Jarrell avec Fanny Ardant dans le rôle-titre (2015) et Épître aux jeunes acteurs de Olivier Py (2016).

Source : comedie.ch