I M P R E S S I O N S

 

Par 5 spectateurs : Menanat, Nicolas, Alex, Soulfari et Myriam

Cet évènement se déroule dans mon salon, au 15 chemin du Bac. Mon amie Menanat et sa fille Soulfari sont en visite et loge chez nous pour un temps. « Le Bac » est une grande maison au Petit Lancy – un quartier en proie à de grands changements. Entre les grandes barres d’immeubles et les constructions, quelques maisons subsistent. Alors que les autres ont déjà disparu, celle-ci vit pour un dernier temps, le temps de vivre.
Le Bac, comme nous l’appelons, est une colocation de 12 personnes.

Nous commençons le film dans la confusion la plus totale. J’avais prévenu mes invités que les dialogues pouvaient être « charabiantesques ». Mais lorsqu’un personnage se mit à parler en russe, je rejoignis le reste de ma joyeuse troupe dans son incompréhension. De plus, Jacques Tati a choisi, à ce moment-là, de faire entrer une voix off qui rendait la détection du narrateur impossible. J’étais confuse, n’ayant pas souvenir d’une telle barrière de la langue. J’avais plutôt comme souvenir que, parmi le brouhaha, certains mots sortaient du lot. Finalement, c’était la piste audio qu’il fallait changer pour la mettre en français. Après trois faux départs, nous voilà en route, quelque peu confus.

« Ce qui est drôle c’est qu’on ne voit pas les fils ; on dirait des chevaux. »

Ce film gagne pas à pas une attention plus soutenue par son humour simple et décalé. La subtilité d’un drôle qui met des personnages dans des situations comiques – en évitant la tactique simplifiée de la moquerie – plait aux enfants, comme aux adultes. Mes spectateurs sont conquis par les scènes d’un quotidien familier.

« Moi je suis sûre que c’est des vraies images. »

Parmi les différentes réactions entendues pendant la projection, les plus animées furent celles face aux conducteurs présentés par Jacques Tati comme pris en flagrant délit de curages de nez et autres petites manies qui ne se font que dans les espaces intimes. Le réaliste des scènes sème le doute quant à la frontière entre le réel et le fictif.

La fin du film surprend. Soulfari et Menanat disent n’avoir rien compris au film. Menanat a été intriguée par la conductrice de la petite voiture jaune mais sans avoir saisi le sens de son rôle.

Nicolas a choisi le terme étouffant pout décrire l’impression que le film lui a laissé. Le trop plein de stimulis visuels et sonores lui laisse un sentiment d’oppression.

Alex s’est endormi bien au chaud sous la couverture. Le début l’a fait rire mais l’appel du sommeil l’a emporté sur le trouble du scénario.

Ainsi le « Moi j’ai rien compris au film » prédomine l’ambiance de fin de visionnage. La confusion était trop grande. Les bruits, les embouteillages, les mouvements, les dialogues étaient trop confus pour que mes invités puissent profiter du récit.

J’ai ainsi décidé d’inviter quatre de mes proches à visionner le film en ma compagnie afin de donner du sens au dernier exercice de ce module. En effet, l’impression que m’avait laissé le film après la séance du Grütli m’échappe un peu après un temps relativement long. Je me souviens avoir ressenti ce sentiment de trop plein, de brouhaha qui continuait quelque part dans ma tête. En sortant du cinéma avec Marine, nous avons mis un moment avant de nous en remettre. En effet, durant plusieurs heures, nous n’arrivions plus à nous concentrer. Assises au milieu d’une foule venue discuter autours d’un verre au bar de L’Ecurie, nous avons subi passivement le brouhaha ambiant jusqu’à la fin de la soirée, sans trop réussir à tenir une conversation.