Travaillant la question des origines, le Groupe Françoise Héritier (1933-2017) est désigné par un patronyme quasiment programmatique ! Anthropologue et féministe remarquable, Héritier s’est interrogée – des décennies durant – sur l’articulation et les tensions entre l’originaire et le construit.
Peut-on vivre sans racine ? Etre sans gravité ?
Ces racines sont-elles biologiques, psychologiques, socioculturelles ?
Notre assise mentale, notre identité tiennent-elles à l’entretien de nos origines ou à leur dépassement ? A nos déterminations ou à nos projets ? Faut-il opposer ainsi ces termes ?
A un niveau sociétal, la tradition, le patrimoine sont-ils l’héritage de tou.te.s ou une construction des dominants ?
Autant de questions cuisantes agitées par les cinq sorties culturelles du Groupe Françoise Héritier – un groupe constitué de familles du Quart Monde de l’Ouest lausannois, accompagné par le metteur en scène Guillaume Béguin et qui:
– a assisté au Zinéma de Lausanne à une projection de Tel père, tel fils – neuvième long-métrage de Hirokazu Kore-Eda évoquant un échange de nouveau-nés qui interroge les soubassements biologiques et affectifs de la filiation
– rencontrera, au Théâtre de Vidy à Lausanne, Hanane Karimi, sociologue sondant les rapports des pays colonisés à leur propre tradition – notamment sous les angles du genre, de la nation et de la religion
– assistera au spectacle Ma colombine, mis en scène et interprété par Omar Porras sur un texte de Fabrice Melquiot, au Théâtre Kléber-Méleau ; un spectacle inspiré par la vie d’Omar Porras, et notamment de ses origines colombiennes
– a visité l’exposition La Révolte des immigrants dans l’un des plus modestes musées du pays : le Musée de l’immigration à Lausanne – histoire de déceler ce que les exilés parviennent à emporter de leurs origines dans leurs modiques valises
– a pris place dans les gradins du Théâtre de Vidy pour une représentation de Retour à Reims, émouvant essai de l’un des grands sociologues et philosophes de notre temps, Didier Eribon, porté à la scène par Thomas Ostermeier, l’un des maîtres incontestable du théâtre contemporain international.
Carnets de bord
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