Première sortie du choeur Pylade, an III, 12 octobre 2019

Présent.e.s:
Laurence, Chantal, Ana, (que nous retrouvons avec plaisir, qui nʼétait pas venue lʼan passé suite à une période difficile), Mimi, Jean-Marie et Regina, du groupe cité senior qui vient accompagnée dʼune amie et que nous accueillons pour la première fois.

Relativement peu de monde… Expo ? 10h du matin ? Excentré ?
Nous sommes accueilli.e.s au musée de lʼAriana par Manon, qui va nous guider tout au long de l’expo MUR/murs durant une heure pour nous en faire apprécier les détails.

La visite commence dehors – sous le soleil, et sous les pieds, la rosée des brins d’herbe du parc – par l’œuvre « Le vol de la mouche », mur de briques qui serpente et dessine de belles courbes dans le paysage végétal. Un mur dont la faible hauteur permet de l’observer des deux côtés. Nous touchons, regardons, examinons, entrons peu à peu dans la démarche de Jacques Kaufmann. Manon évoque la proximité avec les organisations internationales, et la résonance de cette pièce avec le politique.
Cette œuvre, initialement prévue pour le temps de l’exposition, va rester pendant deux ans. Toujours dehors, Passe-muraille : à gauche de l’entrée du musée, l’artiste a voulu créer un pont qui semble traverser le mur du bâtiment, continue à l’intérieur du musée, comme une route grise qui a l’air d’onduler légèrement, structure éphémère de facture brute. Traversée, pont, relation entre extérieur et intérieur…
Surprise, à l’intérieur du musée, le revêtement devient céramique, ça brille sauf les traces creusées par de l’acide avant la cuisson, qui dessinent d’étranges signes.

L’artiste-architecte Jacques Kaufmann expose des installations architecturales et monumentales fortes dont le point de départ est la brique, un petit élément de base que lʼon peut fabriquer à la main. Questionnement sur les murs, qui divisent ou protègent, qui rassemblent et excluent.

Un magnifique travail qui touche par la grâce de lʼéquivoque: la brique qui est si dure devient ici légère, tendre, aérienne, voire molle.

Il en fait voir toutes les subtilités, les nuances de teintes et de matières, du rugueux au poli, jusquʼà la désintégration et disparition en poussière.

Ses briques crues ou cuites, on en mangerait même. On y a trouvé des teintes de pop-corn, de marbré chocolat, de merveille et de pain frais.

Tout artiste quʼil est, au-delà de ses créations, Jacques Kaufmann est surtout un passeur, qui dit son amour de cet élément si simple, pauvre, que lʼon retrouve aux 4 coins du monde depuis 9000 ans * et qui nous en dit toute la richesse.

Il a par ailleurs installé son expo avec lʼaide de jeunes en ruptures de différentes associations et même l’aide dʼun agent du musée qui était très fier de nous raconter « quʼil en était ».

Ça c’était devant l’œuvre « Briques flottantes ». Imaginez une forêt de tiges de métal, chaque tige supportant une petite brique rectangulaire, à l’horizontale. 2 500 briques miniatures, en équilibre fragile, et oscillants par les mouvements occasionnés par le passage du public. On peut monter sur une petite estrade faite de quelques briques, et de là, on surplombe la canopée de terre.
L’agent du musée nous a confié un secret d’atelier, comment faire un trou dans une brique de terre sans la casser.
Jacques Kaufmann expose quelques briques de sa collection. Une brique sacrée de Chine, avec une image de Bouddha, conserve une empreinte de patte de chat. Oh, un chat qui passait par là…

Le groupe est ravi, attentif, lʼheure file à grande vitesse et nous frustre même de plus de temps pour flâner.
Le mot de la fin pour Laurence, devant un mur déconstruit: « pour cent briques tʼas plus rien ! ».


Mur tectonique. Les faces du dessous. 2019

*Jacques Kaufmann a réalisé des fac-similés de la plus vieille brique retrouvée du monde (à Jéricho, Palestine actuelle et conservée à Oxford).
C’est très beau. On dirait des gros pains…

Rédigé par Jean-Luc Riesen et Natacha Jaquerod (texte en italique).