Spartiates de Nicolas Wadimoff

lundi 15 mars 2021 à 20h
(projection annulée du fait de la pandémie)

Ancien boxeur amateur, le réalisateur genevois Nicolas Wadimoff aime à se coltiner des sujets forts qui interpellent, qu’il s’agisse de fictions ou de documentaires. En résultent des films souvent confrontants, comme Clandestins (1996), dérive prophétique de migrants, Mondialito (1999) road-movie désenchanté sur fond de Coupe du monde, Aisheen (2009), désespérante chronique gazaouie ou, plus récemment, L’Apollon de Gaza (2018), méditation profonde sur le sens à donner à la réapparition d’une statue sublime du dieu des arts, en un lieu parmi les plus dévastés au monde.

Dans son documentaire Spartiates, Wadimoff montre comment un jeune moniteur de MMA (abréviation de Mixed Art Martial) initie les enfants et les jeunes de quartiers défavorisés de Marseille à ce sport de survie d’une violence parfois insoutenable, qu’il essaye de transformer en école du respect et de la tolérance. Champion de France de la spécialité, partisan d’une pédagogie plutôt musclée, voire un brin terrorisante, Yvan Sorel détermine lui-même les règles du jeu social auquel les gamins doivent s’adapter, sous peine d’être renvoyés.

Avec une abnégation qui tient de la vocation, sans aucune aide des pouvoirs publics, il transmet à ses ouailles des valeurs éducatives auxquelles il croit, et qui leur permettront peut-être de survivre et d’espérer. Empli de paradoxes dérangeants, ce film parfois très âpre ne laisse pas d’interroger. Les manières parfois fortes de son protagoniste peuvent paraître discutables, mais elles auront peut-être sauvé une poignée d’âmes égarées dans un no man’s land existentiel complètement déserté par l’Etat qui se garde bien de s’y aventurer.

Vincent Adatte

Suisse, 2014, couleur, 1h20

En collaboration avec Fonction: cinéma