More than honey de Markus Imhoof

février 2021 à 20h
(projection annulée du fait de la pandémie)

Des écologues compétents imputent l’apparition du Covid-19 au déclin de la biodiversité qui augmente le risque de diffusion de virus dangereux, ce dont nous sommes responsables (et pas seulement les Chinois). Dans cette perspective inquiétante, voir ou revoir le documentaire More Than Honey (2012) du cinéaste suisse alémanique Markus Imhoof est salutaire, histoire de rester sur le qui-vive et de ne pas recommencer à faire n’importe quoi (un vœu pieu?). Imhoof, dont l’un des grands-pères était apiculteur, a mené pendant cinq ans un film-enquête passionnant, qui l’a conduit du jardin familial aux quatre coins du globe, dans l’espoir d’élucider le mystère du déclin des Apis mellifères…

Les spécialistes de la question les plus pessimistes estiment que ce déclin hypothèque la survie même de l’espèce humaine, vu qu’un tiers des aliments que nous consommons dépendrait de la fonction pollinisatrice de ces hyménoptères fort bénéfiques. En investiguant, le réalisateur de La Barque est pleine (1980) n’a pas tardé à découvrir des indices accablants, tous liés à la logique du profit, ce modèle économique qui nous tient lieu d’idéal pitoyable: les pesticides, le stress dû à la surexploitation, les parasites, abus de la monoculture…

Certaines séquences qu’il ramène de son périple documentaire sont ahurissantes et valent tous les discours: baladées sur des milliers de kilomètres dans des camions gigantesques entre les vergers du Maine et de Californie, les abeilles s’exténuent à remplir leur mission imposée par l’ordre néo-libéral du monde. En Chine, c’est déjà fichu! Après le massacre des moineaux ordonné par Mao, la vermine a pullulé, laquelle a été éradiquée par des insecticides mortifères, au point de devoir dorénavant polliniser au pinceau.

Pour dresser ce constat à l’aiguillon acéré, Imhoof a usé de stratagèmes spectaculaires, notamment de caméras microscopiques qui font adopter au spectateur le point de vue de ces pauvres Apis mellifères, drainant des images d’une beauté qui serre le cœur!

Vincent Adatte

Suisse / Allemagne / Autriche, 2012, couleur, 1h32, documentaire

En collaboration avec XX