Artiste du Groupe Jeanne des abattoirs, sensible à l’ambition collaborative de La Marmite, Jérôme Meizoz a eu scrupule à ne pas s’imposer en gardien du sens ou du beau. Il a considéré que les carnets de bord entretenus avec tant d’application, nourris par tant de probité par les participant.es méritaient d’être eux-mêmes la création partagée du Groupe: le processus devenant œuvre même.
Les participantes et participants ont, cependant, insisté pour que notre écrivain produise lui aussi un texte. Ainsi nous est parvenu le poème ci-dessous – un poème tourné vers autrui, attentif à entendre la voix d’autrui, la douleur du corps, la sensibilité au mépris, attentif au vrai aussi bien.

Sous nos yeux, l’injustice – Fernando Gomes

Aïe !

j’ai mal au dos
tout le jour
courbé dans la fraisière
de sept à dix-sept heures
Le patron gueule
en italien
mais parfois
il donne aussi un sourire
Reste le dimanche
pour appeler la famille
– Guinée Bissau –
Le français
c’est difficile
alors je parle portugais
comme celui qui tient
le seul bistrot
Le Progrès.

Franchement,
“progrès”
je ne vois pas pourquoi.
Sinon le dimanche
n’en finit pas,
alors
dès le réveil
on commence
à la bière.

Jérôme Meizoz, écrivain, artiste du Groupe Jeanne des abattoirs