Constats

L’origine et la forme de La Marmite proviennent des convictions et constats suivants:

  • L’action culturelle s’inquiète de l’« inaudibilité » des « sans-part » (Jacques Rancière) autant que de la perpétuation des inégalités culturelles ; ne pas voir que manques là où se trouvent maintes ressources et vice-versa !
  • La contribution des classes populaires, de leurs savoirs, représentations et sentiments à la constitution de l’espace public est une exigence démocratique ; la participation culturelle peut contribuer à la démocratisation de la démocratie.
  • Promouvoir et organiser des occasions de rencontres de qualité entre des « intellectuel.le.s » critiques issus de disciplines diverses et le « peuple » enrichit notre lecture du monde et sous-tend l’émergence d’une pensée réellement « complexe » (Edgar Morin).
  • La démocratisation culturelle traditionnelle a connu un échec relatif par défaut de prise en compte des obstacles psychosociauxcognitifs et symboliques dans l’accès à l’art, des sentiments d’« indignité » et d’« inaptitude » que connaissent certain.e.s (Pierre Bourdieu).
  • L’appropriation culturelle ne saurait être envisagée dans la brièveté ; de même, nouer une relation véritablement profonde avec des groupes sociaux implique une certaine durée d’intervention.
  • La signification des œuvres augmente et s’élargit lorsqu’elle croise les perspectives, qu’elle est le produit d’une transaction collective (Antoine Hennion) ; à cette condition, elle devient un exercice de citoyenneté.
  • Les théories de la dynamique des groupes révèlent la stimulation plus grande qu’offrent les cercles restreints par rapport à l’expérience d’une réception individuelle ou à celle d’une masse confuse ; ces cercles sont aussi un cadre propice à l’expression de chacun, à l’audace d’être soi.
  • Parmi les fruits les plus captivants de l’art contemporain nous séduisent singulièrement ceux qui voient les artistes considérer la population à même le processus de leur création – que l’on nomme ce processus « création partagée » ou « art collaboratif ».
  • L’effrangement des contours des disciplines artistiques est un fait majeur de notre temps et, pourtant, peu d’initiatives d’éducation culturelle en prennent la mesure.
  • Malgré la croissance de l’offre culturelle et la « concurrence » entre les propositions artistiques, il convient, selon nous, de tenir le paysage culturel de notre région comme une totalité organique.