Projection filmique du 14 mars à Fonction : Cinéma : Le Havre d’Aki Kaurismäki
Nous voici accueillis dans l’espace cosy des Cinémas du Grütli, confortablement attablés autour d’un jus de pomme.
La séance du film Le Havre vient de se terminer et chacune et chacun semblent ravi.e.s, encore imprégnés de l’atmosphère pleine d’humanité de cette projection.
Tant par sa forme que par le fond, cette histoire, pourtant ô combien tragique dans son actualité, fait du bien. Au-delà du dénouement heureux – miraculeux même, c’est, dit Sanaa : « un film très humble » et nous l’avons toutes et tous profondément ressenti.
Le personnage principal, remarque Jean-Marie, est un personnage à la fois populaire et cultivé, ancien écrivain. Il s’appelle Marcel Marx. Adrienne qui s’est penchée sur la bio de Aki Kaurismäki, le réalisateur, se demande quelle est la part autobiographique de son récit. Il semble un cinéaste atypique, a fait plein de petits boulots.
Les époques sont mêlées, un monde passé et un monde présent se frottent. Marx est cireur de chaussures – en voit-on encore ? Mais cela raconte finalement que les thèmes évoqués, les réfugiés, le regard sur l’autre, la solidarité, notre part d’humanité « restent intemporels » (Chantal).
Il flotte une nostalgie : de l’époque, d’une certaine lenteur, de tout un petit monde, de « cette petite Provence » (Jean-Marie) avec son épicerie, son café (et ses habitués, tellement vrais !) et sa boulangerie. « La vie des gens simples » (Cathy).
Le Havre est un personnage du film. Le Nord et les traces de la guerre sont encore présentes.
Michèle : « J’ai beaucoup aimé ce film. A la fin, j’aurais aimé voir l’enfant arriver, le voir arriver de mes yeux » (il arrivera, espère-t-on mais ce sera hors-champ).
Sur le côté formel, très sobre du film, Stéphanie dit : « On voit qu’il est inspiré par la nouvelle vague, c’est le genre de films que je préfère ».
Adrienne : « J’ai beaucoup aimé la solidarité, le partage et une vision du monde agréable ». « C’est un film où les gens n’ont pas peur ! voilà pourquoi il est super ce film ! »
Une scène retenue, parmi tant d’autres qu’on aimerait retenir
Cathy : Quand l’enfant vient voir la femme malade à l’hôpital. Chacun des 2 est à un carrefour de sa vie, quand on ne sait pas de quel côté cela peut basculer.
Adrienne : Un réfugié lance à Marx : – Pourquoi je devrais te croire ? – Parce que j’ai les yeux bleus. « Avoir dans ces conditions là cet humour là ! »
Jean-Luc : La première image du film : Marx et son acolyte, cireurs de chaussures, attendent le client. Derrière eux, une affiche du cirque Zavatta. Ils sont 2 clowns, malgré eux, égarés mais dignes, dans un monde qui les laisse en marge.
Jean-Marie : Autour du container où s’entassent peut-être des réfugiés épuisés et sans doute déjà morts, une armada de policiers armés sur la défensive. « Comme si c’était eux qui couraient un danger ! ». Et la présence de la Croix-Rouge…
Michèle : Quand on voit le chien veiller sur l’enfant qui vient de se réfugier chez Marx et qui dort.
Chantal : Quand Marx revoit son épouse ressuscitée. Comme s’il rêvait.
Et quand l’enfant rend l’argent que Marx lui avait donné et qu’il n’a pas utilisé. Par reconnaissance. Il n’a été ni jugé ni questionné.
Sanaa : Quand le marchand sauve l’enfant en le cachant sous sa charrette de primeur et court ! « Il y avait beaucoup d’humour ! »
Il est tard, embrassades, nous repartons dans la nuit, réchauffé.e.s.
Jean-Luc Riesen